Rodrigo García ne trompe jamais sur la marchandise : sa pièce s’intitule « Agamemnon » et ce n’est pas pour rien ; il y a 2500 ans, il y avait Eschyle.
Impossible en effet de ne pas lire l’« Agamemnon » de García à la lumière d’Eschyle.
L’auteur grec écrivait en 458 avant Jésus-Christ un « Agamemnon » comme premier volet de son triptyque, « L’Orestie ». Il y est question du sacrifice de sa fille Iphigénie aux dieux pour gagner Troie, guerre dont il reviendra en effet victorieux…
Ces deux œuvres se répondent en écho dans le temps, partageant moins leur titre que différentes problématiques, notamment :
> Le sacrifice d’un enfant - l’un sur l’autel de la justice toute puissante de Zeus, l’autre sur l’autel de la divine consommation – et la tyrannie exercée de fait par les personnages principaux de ces deux pièces.
> L’opposition de deux moitiés de l’humanité : celle ralliée à Zeus contre les troyens chez Eschyle, la démocratie possible contre la tyrannie d’un système politique et économique en place pour Rodrigo García.
Dans les deux pièces, le droit, au lieu de venir du dehors apaiser les conflits et instaurer un ordre satisfaisant les individus, devient un principe d’exacerbation de la violence. Le droit est un même principe de transformation des liens intimes de la parenté en relation de haine.
A la violence répondra toujours une contre-violence.
Par ailleurs, ces contre-violences sont autant de demandes de reconnaissances, de mises en mots, de justices, faites aux dirigeants, pour qu’ils s’engagent eux-mêmes dans les risques d’un débat, dans un conflit qui n’est pas réglé d’avance, mais soumis aux aléas du temps, de l’imprévu.